Changer de matériel est une question que se posent de nombreux photographes. Les boitiers évoluent rapidement et nos habitudes également. Pourtant, nous sommes plutôt frileux dès qu’il s’agit de changer de marque et de monture car cela a un gros impact et pas seulement financier : quitter une marque signifie souvent abandonner les objectifs qui vont avec ainsi que les accessoires (flashs, filtres, télécommande…) mais aussi perdre ses repères et l’ergonomie que l’on connaît.

Disposant d’un sac photo très complet, j’avais envie de m’alléger sans rogner sur la qualité. J’y ai réfléchi longuement et finalement j’ai décidé de quitter la gamme Reflex Canon.

Etat des lieux de mon sac Photo

Dans mon sac à dos, un Lowe, on retrouvait un nombre incalculable de choses :

Canon EOS 6D, le fameux reflex plein format « accessible » à tous. 770g de qualité, un peu plus avec la batterie insérée.

Plusieurs objectifs :

  • EF 24-70L ƒ/2.8 USM : un zoom standard et lumineux, un de ceux que convoitent nombre de photographes de reportage. 950g.
  • EF 40mm ƒ/2.8 STM pancake : mon plus petit objectif, et probablement celui qui m’a poussé à m’alléger. Avec cet objectif j’ai découvert la sensation très agréable de voyager léger avec une optique fixe, suffisamment lumineuse et d’une qualité remarquable. 130g.
  • EF 17-40L ƒ/4 USM : un grand angle de qualité, plutôt léger et très bon dans son domaine : le paysage. 500g.
  • Sigma 50mm ƒ/1.4 EX HSM : peut être le meilleur rapport qualité prix pour un objectif fixe à sa sortie : un peu plus cher que le modèle Canon, mais nettement meilleur dans les grandes ouvertures. Celui-ci était lourd et gros (diamètre 77cm) mais il m’a donné de très belles images et m’a accompagné dès que j’avais besoin de lumière. 500g.
  • EF 85 ƒ/1.8 USM : un objectif adapté pour faire du portrait. Un excellent compromis entre qualité et poids. Ici encore, je n’avais rien à reprocher à ce caillou. 425g.

Quelques accessoires également :

  • Flash Canon 430 EX II, 2ème batterie, cartes mémoires, réflecteur… Je conserverai les 2 derniers éléments, c’est tout.

De façon visuelle, voici mon sac photo à l’exception du 85mm que je n’ai pas pu représenter. De gauche à droite, dans le même ordre que la liste ci-dessus : 24-70 puis 40 puis 17-40 puis 50mm.

Canon EOS 6D

L’EOS 6D et mes différents objectifs

Avec tout ce beau matériel, pourquoi changer ?

J’ai conscience que mon sac aurait fait rêver plus d’un photographe : des optiques de qualité, un boitier plein format de dernière génération etc… Un poids total de 3,275 kg hors accessoires.

C’est un des premiers éléments qui m’a poussé à chercher une autre solution que le reflex traditionnel.

Le second élément émane d’un constat personnel : il y a quelques années un reflex apportait une qualité d’image nettement supérieure à un bridge ou un compact. C’est toujours plutôt vrai dans l’ensemble, mais le développement des hybrides change la donne : + petits et + légers, équipés de capteurs 4/3 ou APS-C pour certains, et même d’un capteur plein format de la même taille que mon réflex pour d’autres.

La qualité d’image des hybrides est parfois inférieurs, parfois équivalente à un reflex d’entrée de gamme et parfois, comme c’est le cas pour le boitier sur lequel j’ai jeté mon dévolu : elle rivalise avec les meilleurs réflex.

Le troisième élément est une remise en cause : j’utilise des boitiers Canon depuis longtemps (un EOS 400D, puis 600D et enfin 6D). J’en connais par cœur l’ergonomie, les qualités et les défauts. Ces boitiers sont de qualités et ce n’est pas pour rien s’ils font parti les + grandes ventes d’appareils photo chaque année. Mais voilà, une certaine routine s’est installée et mon EOS 6D ne me fait plus rêver :

  • Il a des défauts qui existent et qui ne sont pas corrigés depuis + de 2 ans (exemple : si je personnalise la touche « AF-On », je ne peux plus déclencher depuis l’app EOS Remote… WTF ?)
  • Il manque des fonctionnalités qui peuvent s’ajouter via une mise à jour logicielle : pourquoi ne pas proposer le focus peaking en mode live view ? Pourquoi la mise au point Spot ne fonctionne qu’au centre alors que des firmware alternatifs (ex : Magic Lantern) la font fonctionner sur chaque collimateur ? Pourquoi le mode ISO Auto ne permet-il pas d’utiliser le mode ISO 50 ? etc..
  • Après avoir lancé un 40mm pancake (tout petit), pourquoi ne pas avoir développé une gamme + complète ? Certains me diront que c’est impossible techniquement, mais dans ce cas, comment expliqué que Voigtlander dispose d’un 20mm, d’un 28mm et d’un 40mm en monture EF (Canon plein format) ? Certes ils n’ont pas d’autofocus, mais si on avait le focus peaking, on accepterait volontiers de perdre l’AF au profit d’une gamme légère.
  • Bref, j’ai, en tant qu’utilisateur, le sentiment que l’on dort tranquillement chez Canon, sans apporter de réelle importance au suivi et à l’évolution des boitiers.

Changer, oui, mais pour quel modèle ?

Après ce constat, je savais que j’avais envie de changer. Mais une fois cette idée en tête il me fallait trouver le produit adapté à mes besoins et à mes habitudes : je suis habitué à un boitier qui ne fait pas de compromis sur la qualité, l’EOS 6D est un excellent boitier et est irréprochable sur la qualité d’image et la montée en ISO. Il me fallait donc un boitier tout aussi qualitatif mais + petit et plus léger.

  • Chez Nikon, rien ne me convenait.
  • Chez Olympus et Panasonic, les hybrides sont plutôt bons mais les capteurs nettement plus petits que le mien.
  • Chez Fuji, la gamme est premium, le X-T1 est incroyable mais le positionnement très haut de gamme de la marque fait qu’en dehors du 27mm ƒ/2.8 les optiques sont lourdes. Très lumineuses, d’une qualité incroyable, mais lourde et c’est ce que je veux éviter. J’ai longtemps songer à prendre un Fuji X100S ou X100T mais je me suis dit qu’il ne serait pas évolutif : aujourd’hui je fais 90 % de mes photos avec le 40mm, j’aurai donc pu basculer sur le 35mm du compact Fuji, mais demain ? Si j’ai envie de refaire du portrait, de la macro ou autre ?
  • Chez Sony, la gamme des reflex classiques (A77 etc…) ne m’intéressait pas (même problématique que le 6D : c’est gros). La gamme récente du Sony α7 a retenu mon attention : j’ai aimé le look néo-rétro du boitier, le capteur plein format, le gabarit et la possibilité d’y coupler tout type d’objectifs, toutes marques confondues : si mon besoin évolue, je n’ai qu’à trouver l’objectif qui convienne. Une fois le boitier choisi, il me fallait opter pour un objectif. Le 35mm ƒ/2.8 produit par Zeiss a excellente réputation, étant habitué à un 40mm je ne serai pas trop perdu. PAR-FAIT !

J’ai donc revendu l’intégralité de mon matériel pour prendre ce Sony A7 accompagné du 35mm et c’est tout. Oui l’objectif de départ était de m’alléger, je n’ai donc pas racheté une gamme d’objectifs. Le 35mm sera parfait pour de la photo de rue ou de reportage. Il pourra servir pour du paysage, le A7 disposant d’un mode panoramique, je m’en servirai si j’ai besoin de voir + large.

Quelles sont les différences entre l’EOS 6D et le Sony α7 ?

Je ne vous ferai pas un comparatif, je me contenterai d’aborder quelques points principaux : le viseur, le gabarit, le poids.

Le viseur

Le viseur sur le Sony A7 est électronique : c’est un mini écran intégré dans un système de visée. C’est une des grosses différences avec l’EOS 6D qui dispose d’une visée reflex (viseur optique). Le viseur est rapide, je ne note pas de décalage entre l’affichage et la réalité. Il faut s’habituer au début, mais après quelques essais on s’y fait et l’on constate quelques avantages : on voit le rendu final de la photo immédiatement dans le viseur, celui-ci prend en compte mes réglages et le style d’image que j’ai défini (couleurs, noir et blanc…).

Le viseur propose le Focus Peaking : cela signifie que je peux voir en surimpression les zones nettes de ma photo. J’ai choisi d’afficher en rouge la zone nette et ainsi, même à grande ouverture, le risque de rater la mise au point est faible. Je peux également afficher en surimpression les zones surexposées, pratique.

Le gabarit et le poids

Le Sony A7 n’a pas de visée optique, et cela permet de fortement réduire le poids de la bête : 400g, soit la moitié de mon précédent reflex. Un détail pour certains mais pour moi ça change la donne : on a l’impression de voyager avec un compact numérique basique.

D’ailleurs, voici un comparatif des 2 boitiers (EOS 6D VS Sony A7) :

Canon EOS 6D - Sony A7

Canon EOS 6D – Sony A7

Est-il nécessaire de commenter ? Avec un capteur de la même taille, on constate que Sony a miniaturisé le plus possible son appareil.

Sony A7 : Plus petit, plus léger, même capteur, mais alors, il est où le piège ?

Quand j’utilise du matériel, j’essaye d’être objectif (un comble pour un photographe). Le Canon EOS 6D n’était pas un boitier pour tous (amateurs de photo sportive, passez votre chemin), le Sony A7 a également son lot de défauts : les molettes sont moins bien placées que sur un reflex, le tout tombe un peu moins aisément sous les doigts. En miniaturisant son boitier, Sony n’avait pas vraiment d’autres solutions que de faire des choix ergonomiques. Dans l’ensemble, la prise en main est bonne mais pas parfaite, le bouton On/Off est pour moi trop proche du déclencheur par exemple.

L’autonomie d’un hybride comme ce Sony est faible. Ici encore, il n’y a pas de secret, boitier + petit = batterie + petite = autonomie plus faible. Je n’ai pas encore assez de recul pour mesurer la capacité du boitier mais 300 à 400 photos sur une charge me semble le grand maximum.

La gamme d’objectif est encore faible : il y a quelques zooms mais encore peu de fixes, notamment rien pour le portrait. Il y a les essentiels : 16-35, 35, 24-70, 70-200 et un 90mm macro est annoncé pour bientôt. L’absence d’objectif à portrait (85 ou 135 lumineux) n’est pas si grave, le boitier accepte toute sorte d’objectifs avec des bagues d’adaptation, si Sony ne propose pas un 85 ou 135mm, on trouve de vieux objectifs à moindre coût sur ebay. Mais attention, cette solution implique de perdre l’autofocus. Vous êtes prévenus.

Quid de la qualité d’image ?

Conserver une excellente qualité d’image était une obligation Sine qua none. Je ne souhaitais pas perdre le doux bokeh qu’offrent les capteurs 24×36 (dits « plein format ») ni la rapidité d’exécution d’un reflex.

Test du bokeh du Zeiss 35mm pour Sony A7

Le couple Sony A7 + 35mm Zeiss a l’air très bon

Une autre image sur Flickr
Malleval en Vercors

Edit : ajout de quelques street photos

Street photo au Sony A7

#01 Couleurs vives

Street photo Sony A7 + 35mm

#02 Les oiseaux

Photo de rue au Sony A7

#03 Street portrait

Graffitis marseillais

#04 Peu de distorsions avec le 35mm

Alors, heureux ?

Oui, le Sony A7 répond à mes attentes et me permet de m’alléger sans perdre en qualité pour un budget acceptable dans cette gamme de produits. On se fait rapidement au viseur électronique. J’apprécie également le nombre impressionnant de collimateurs couvrant tout le capteur.
Bref, je ne regrette pas mon départ mais je ne rejette pas pour autant Canon, ils font un travail de qualité. Simplement mon besoin a évolué et ils ne proposent pas de solution adaptée à ce nouveau besoin. Pour bientôt peut-être ?

Photographe à Aix en Provence et en région PACA, je suis spécialisé dans la photo de mariage. Les photos présentées sont en qualité réduite pour s'afficher rapidement. Sauf mention explicite, la copie et l'utilisation à des fins personnelles ou commerciales de ces contenus ne sont pas autorisées.

Publié le 3 Fév 2015 dans Mes aventures